Je vis du silence de la nature.
Bonheur de joie dans mon coeur.
Spontanéité et enthousiasme caractérisent Jean-Noé Nobs, jeune peintre trisomique né à Fribourg le 31 août 1986. Il vit aujourd’hui avec sa maman, Anne Christine Nobs à Bulle.
Sa scolarité est un défi pour faire mentir ceux qui prédisaient « que jamais il ne pourrait lire et écrire ». Mais Jean-Noé est curieux de tout, intéressé et volontaire. Et très vite, il décide : « Moi, je veux apprendre à lire, à écrire et à compter. » Ses acquisitions scolaires, il les a faites à son rythme, mais avec la même concentration, la même persévérance que celles qu'il apporte à réaliser ses œuvres.
Son intégration dans le système scolaire n'est que partielle. Elle lui permet néanmoins de participer à la vie d'une classe, d'en connaître l'émulation, de s'intégrer socialement. A la maison, sa famille lui offre affection et patience et des trésors d'inventivité pour le soutenir dans ses apprentissages.
Mais comment rejoindre cet enfant dans son monde ? Pour y parvenir, sa maman suit le conseil du pédagogue qui anime l'atelier musical que Jean-Noé fréquente et qui lui dit un jour : « Faites-le dessiner ! Faites-le dessiner ! Comme ça, au travers de ses dessins vous saurez ce que lui comprend. »
Le dessin fait donc partie très vite de l'existence de Jean-Noé. Comme le sport d'ailleurs. Il apprend à monter à cheval, à faire du vélo. La musique également est présente dans sa vie depuis l'enfance. Actuellement, il fréquente encore le conservatoire pour des cours de batterie.
A la fin de sa scolarité obligatoire, c'est à Sion, au centre d'intégration et de formation professionnelle qu'il suit une année de cours dans le domaine de l'horticulture. De retour dans sa famille, Jean-Noé va mener deux vies : celle d'un peintre et celle d'un horticulteur. Les mois d'hiver, il les consacre à la peinture.
Et lorsque les beaux jours reviennent, il se rend au couvent d'Hauterive. Là-bas, il effectue des travaux de jardinage. Il s'est adapté à l'atmosphère du lieu, à son silence. Le frère Claude, qui lui a donné sa chance, dit de lui : « Il aime ce qu'il fait et il le fait bien ». Et il ajoute se sentir en fraternité avec ce jeune homme qui ne s'encombre pas de notre retenue habituelle, « qui pleure quand il a envie de pleurer et qui vous embrasse quand il veut vous embrasser. »
Texte de Marie Thérèse INGOLD