Elle puise la matière de son œuvre dans ses voyages, qui, parfois malgré elle, deviennent un trésor. Le monde, se dissimulant à lui-même, renaît sous une forme nouvelle à travers ses multiples disparitions. C’est dans ce glissement de l’apparition que se déploie le travail de Mireille Kassar.
L’œuvre de Mireille Kassar se pense comme l’expansion d’un état de conscience au-delà ou en deçà du langage. Elle peut être perçue comme un réajustement de l’expérience sensorielle, un basculement de la pensée discursive vers des sensations cognitives primaires.
La peinture, qui est au cœur de son travail, oriente, convoque et organise les autres formes d’art. Son parcours artistique et spirituel la mène à explorer des pays et des régions dont l’éloignement géographique ou culturel garantit une proximité singulière. Distance, proximité, dispersion, déploiement, un temps libéré de sa linéarité — autant d’éléments qui se retrouvent au centre de son œuvre habitée.
Des thèmes récurrents émergent des expériences qu’elle mène : l’émergence, la disparition, la transmission, mais aussi la destruction, l’expérimentation, la résurgence, les espaces d’hétérotopies et une temporalité déployée : Chronos, Kairos, Dasein, Al Zaman al Sarmadi, Hétérochronie — autant de concepts qui interrogent et bouleversent la construction commune du temps ainsi que son rapport à l’hégémonie des récits historiques.